Société Métrique de France

Société métrique de France

Collection et Histoire des balances, poids et mesures
Histoire et défense du Système métrique décimal

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Histoire et défense du Système métrique décimal

Balance-Pendule BÉRANGER

Le nom (déposé) “Balance-Pendule” a été donné par son inventeur, le constructeur lyonnais Joseph BÉRANGER, à un modèle de balance à bras égaux et à fléaux composés inventé par ses soins.
Cette balance nouvelle, a été conçue suite à diverses tentatives pour remédier aux imperfections qu’il ne parvenait pas à corriger sur ses différents modèles de balances Roberval¹
Le premier brevet (n° 1565) pour sa Balance-Pendule lui a été délivré pour 15 ans le 6 juillet 1845.

Fig. 1, tirée de l'ouvrage de E. BRAUER (1909) "The construction of the Balance").

Le système de pesage oscillant se, caractérise par :
Un fléau principal à deux branches parallèles.
Deux contre-fléaux disjoints, simples (à une seule branche, ici dénommés “transmissions”),placés en dessous du fléau, ne traversant pas l’axe de symétrie de la balance et reliés par l’arrière à sa base.
Un dispositif sustentant les bassins, via une ou quatre tiges serties dans chaque berceau et dans le “palier” (une platine fourchue, en “U”, en “Y” ou en “V”), pièce suspendue (par l’avant) à la “transmission” et (par l’arrière) au fléau.

¹  Le 6 décembre 1840, Joseph Béranger avait fait admettre à la vérification de trois balances Roberval, un acte administratif de validation technique préalable à l’usage d’un modèle d’instrument de mesure ou de pesage, conditionnant son utilisation dans des transactions commerciales (le terme actuel est “approbation de type”.)

Petite galerie de quelques "ancêtres" (XIXe siècle)

Parmi les cinq admissions obtenues de 1848 à 1902 par Joseph BÉRANGER et ses successeurs (J. A. A. CATENOT, puis B. TRAYVOU), voici les trois versions qui représentent les innovations techniques les plus significatives.

Balance pendule (admission le 27 mars 1848) : type originel (cf. fig 1).

Fig. 2 Modèle de portée 30 kg, long. 80 cm, vers 1855 "BÉRANGER ET CIE BREVETÉS À LYON" présent sur l'admission de 1848, perdure au catalogue Trayvou de 1913.
Fig. 3 Petit modèle à bassins en laiton Pesage de produits en vrac tels que thé, café, pastilles... Marqué "B & CIE"

Balance pendule simplifiée (admission le 8 septembre 1854) : le palier est supprimé

(remplacé par trois points de sustentation directe pour chaque berceau avec le fléau et la transmission).

Fig. 4 Modèle de portée 60 kg ,long. 80 cm "CATENOT-BÉRANGER ET CIE ", "BREVETES LYON".
Fig. 5 Modèle de portée 15kg, dit "à la Croix d'Honneur" admission de 1864

Balance pendule simplifiée TRAYVOU “à couteaux” (admission le 17 avril 1889):

les liaisons par brides ovales sont remplacées par des liaisons entre couteaux et chapes garnies de coussinets.

Fig. 6 Modèle TRAYVOU de balance pendule simplifiée, à liaisons par couteaux-coussinets admission de 1889 Cette innovation technique, a surtout profité…
FIG. 7 … à son concurrent TESTUT, via son modèle similaire « La Parisienne" vers 1902 à la décoration plus commerciale !

L’approche industrielle et commerciale d’un précurseur

La démarche de Joseph BÉRANGER a non seulement été en avance sur le plan technique mais également dans le domaine industriel : en témoignent un souci de traçabilité (identification de chaque exemplaire par un n° de série (toutes productions confondues), la standardisation des composants entre des modèles différents et la protection systématique des innovations par des brevets sur 15 ans.

Sans oublier un sens manifeste de la publicité et de l’image de marque car, dans le but de s’affirmer face à la concurrence, l’entreprise a, dès l’origine, systématiquement affiché sa raison sociale (cf. Fig. 8, 9,10, 11 et 12) et son emblème une étoile couronnée (cf. Fig. 13) – aussi bien sur les bassins que sur le socle – sur chaque exemplaire sortant de ses ateliers.

Inévitablement, et malgré les précautions prises par la “dynastie Béranger”, les balances-pendules ont été abondamment copiées dès l’échéance des brevets respectifs, la plupart des constructeurs les ayant mis à leur catalogue.

Certains ont obtenu des admissions pour :
des variantes (BOEHM, 10/11/1887 ; TISSERAND, 24/12/1901) des améliorations intéressantes (CALAIS & CHAIRGRASSE, 05/09/1864 ; FALCOT & CHARPENTIER, 18/11/1924) tandis que d’autres exploitaient la voie ouverte par Joseph BÉRANGER en inventant des systèmes analogues mais où la disposition et le rapport des leviers sont notablement différents.

Assise (socle ou boîte) 

Les balances-pendules originelles sont montées sur une boîte fermée, construite dans des matériaux très variés : entièrement en bois (plaqué ou non), entièrement en marbre, parois bois / dessus marbre, parois bois / dessus tôle, parois tôle / dessus marbre.
Les balances pendules simplifiées sont le plus souvent à base ouverte, en fonte (de forme droite ou violonée) mais il existe également des modèles à socle “boîte” entièrement en fonte, ou à parois en bois et dessus en fonte.

Index d’équilibre :

La solution la plus répandue consiste en ergots horizontaux et affrontés, solidaires des supports de bassin.
Pour la balance-pendule originelle ces index adoptent
– soit la forme de flèches encagées dans une “pendule” (du type cartel à décor”rocaille”) située sur le dessus, (fig. 8 et 9)
– soit dans un hublot (fig. 10) percé dans la paroi latérale (ou deux, après le 1er juillet 1884)
Dans la version “balance-pendule simplifiée” à base ouverte, les ergots, apparents (oiseaux ou de chimères…) sont fixés aux berceaux (fig. 11)

Fig. 8
Fig. 8
Fig. 9
Fig. 10
Fig. 11
Fig. 12
Fig. 12
Fig.13

Echelle de portée, principaux types, matériaux utilisés

Les portées commercialisées s’échelonnent en général entre 1 kg et 60 kg.
La plupart des modèles sont à fléau à deux bras parallèles, le fléau simple ne faisant son apparition qu’avec la balance pendule simplifiée de 1889, qui innove également en remplaçant les liaisons à brides ovales par des liaisons à chapes (avec coussinets) sur couteaux, plus précises.

Domaines d’utilisation

Larges et stables, ces balances étaient bien adaptées aux pesées de marchandises encombrantes et de masse élevée.
Les balances-pendules originelles ont été fréquemment employées dans les boutiques comme balances de comptoir de prestige, grâce à l’existence de divers modèles de luxe (marbre/bois précieux…).
Moins fragiles, les balances-pendules simplifiées à base ouverte (en fonte) étaient plutôt destinées à des commerces de plein air ou à des pesées en usine.

Une sélection d’articles, parus de1978 à 2023
dans le bulletin de la Société métrique de France.

Titre de l'article Auteur Année/N° Page de à
La "balance-pendule" de Joseph BÉRANGER
A. POMMIER
1984/s8
65-67
La "balance-pendule" de BÉRANGER
A. POMMIER
1985/4
173-181
La "balance-pendule" de BÉRANGER
A. POMMIER
1995/4
962 (cf. ligne précédente)
Les balances de comptoir de la maison BÉRANGER
M. HEITZLER
2002/1
1445-1470
Précisions peu connues sur BÉRANGER
A. POMMIER
2002/2
1500
Instruments "non Béranger" inspirés de modèles Béranger
M. HEITZLER
2002/3
1513-1525
Systèmes dérivés de la "balance pendule" produits à l’étranger
M. HEITZLER
2003/3
1601-1622 /1604-1606 / 1608
Exposition balances Pierre Hénin (Troyes, Maison de l'Outil)
A. POMMIER
2008/4
2197
Vitrine : 2 "balances pendules" à base en verre
M. HEITZLER
2010/3
2426
Quelques balances de style "Béranger"
L. DREVET
2016/1
3310-3317
Une étonnante "Béranger" à romaine
B. MASSON
2016/2
3329
Balances, système Béranger, de FALCOT-CHARPENTIER
B. MASSON
2017/3
3591-3592
Encore Béranger, à Lyon
L. DREVET
2018/1
3702
Une belle "Parisienne", au bord du fleuve Sénégal…
J. FÈVRE
2022/2
4375-4376

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Bibliographie

GIRAUD [Raymond], Histoire du Pesage en région lyonnaise, Imprimerie des Beaux-Arts,

Tixier et Fils, Lyon, 1986 (épuisé) ; NDLR : nombreux repiquages de documents relatifs aux “admissions à la vérification” 

VERDIER [Roger], HEITZLER [Michel], Balances, poids et mesures / tome 4,

Editions du Cabinet d’expertises, 14100 St Martin de la Lieue, 2001 (balances à fléaux composés, pp. 203-210).

LESCROART [Marcel], OEuvres de maîtres balanciers, Balances de la collection Pierre Hénin,

Association L’outil, l’intelligence du geste, 30980 Langlade, 2008.

Catalogues :

Veuve Catenot-Béranger (1865 ?) ; Trayvou-Usines de la Mulatière (1891, 1913) ; Trayvou (1925/1926).
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